Proposition d'écriture

Bonjour tout le monde !

Je suis ravie de vous retrouver ici pour une nouvelle aventure d'écriture !

L’allitération (répétition d’un son consonne) et l’assonance (répétition d’un son voyelle) sont des figures de style souvent utilisées en poésie et au théâtre.

Certaines sont célèbres :
« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » (allitération en S)
Jean Racine, Andromaque

« Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine. » (assonance en OU)
Guillaume Apollinaire, Alcools

Et côté chanson, je vous invite à découvrir (ou redécouvrir) une chanson de Boby Lapointe (oui oui, on donne dans le vintage ! ) intitulée « Ta Cathy t’a quitté ».

Vous l’aurez compris, il s’agit de jouer avec les sonorités et d’écrire un texte dans lequel un ou deux sons vont se répéter, encore et encore.
La forme est libre, le temps d’écriture est d’une heure et les textes devront être mis en ligne au plus tard le lundi 18 avril à midi. La semaine suivante sera consacrée à vos commentaires sur les textes de chacun.
Je vous rappelle qu’il s’agit avant tout d’une expérience... alors tout stress est inutile !
En cas de panne sèche, durable et sérieuse, vous pouvez bien sûr me contacter... par mail (téléphone perdu), en me rappelant votre numéro de téléphone et en m’indiquant quand vous préférez être contacté.
À vos plumes ! Amusez-vous bien et au plaisir de vous lire !
Amicalement,
Patricia

Précision : il est conseillé d'utiliser un traitement de texte pour écrire (de type Word ou Open Writer) puis de copier/coller le texte en réponse à la proposition d'écriture. N'oubliez pas de cliquer sur "M'avertir lorsqu'une réponse est postée", cela vous permettra de recevoir des notifications par mail dès qu'un message sera déposé ici.

Bonjour à tous

Le ventre de la terre ne sonne plus clair à Nanterre. La faute à la vie moderne. La vieille Bertrande est en émoi. Elle ne peut plus entendre le pas inouï de son Comtois chéri dans les vertes parcelles autour de la ferme. Le béton et le verre ont recouvert son univers. Elle n’a plus le choix, elle doit quitter son toit.
Blottie dans son fauteuil, elle réfléchit à la loi qui la prive de son petit bois et à ses hommes trop polis qui lui montrent des croquis. On y voit une succession de tablettes de chocolat, serrées à la verticale, les unes près des autres sur des esplanades désertes.
Alors, les souvenirs affluent : elle, enfant, au côté de son père derrière Cémoi, attelé d’une charrue, lorsqu’elle arrive avec le casse-croûte à la pause méridienne. Elle sent encore la main rugueuse du papa prendre le panier et voit aussi son sourire perlé de sueur. Elle attend. Elle sait qu’il va la prendre sur ses genoux quelques secondes. Puis elle va vers le cheval, l’allège de son harnachement pour lui donner à boire. Après, elle l’enlace de ses petits bras le temps que son père termine son repas.
A cette évocation une douce chaleur l’envahit qui l’aide à fuir la nostalgie. La vie est là qui se finit. Elle refuse le désarroi. On ne la prendra pas pour une oie : les choses seront faites selon la loi. Elle a tout de même déjà anticipé la modernité puisque certains de ses prés ont été loués pour des activités de plein air. L’été des tentes sont dressées non loin de son habitation et les estivants s’en donnent à cœur-joie avec leurs parapentes sur la colline voisine. Un contrat protecteur a été signé avec la municipalité afin de conserver un réservoir d’oxygène aux habitants enchantés. Mais on lui a expliqué que sa maison est une véritable verrue pour l’attractivité de la ville. Alors il faut la détruire sans lui nuire. Une maison de retraite peut l’accueillir dans le cadre d’un échange avantageux. Pour elle, bien sûr, car derrière ses murs de béton et de verre  il y a beaucoup à faire pour les personnes de la terre. Par exemple, une serre au potager partagé, des fleurs à cultiver, des légumes à préparer ou à distribuer et des écoliers qui viennent chanter. Même des animateurs gentils pour les mots croisés et des bénévoles pour les petits soucis !
Juste une signature à donner et le tour est joué…

Bonjour à toutes,

Voici mon texte...
J’ai demandé à une âme "innocente" un nombre au hasard pour désigner une consonne, puis deux pour les voyelles... Bonne lecture!



Tu sautes partout, petit kangourou.
Tu fais le karatéka ou le judoka pour m’envoyer chez le kiné.
Et quand ta chambre ressemble à Kaboul ou à la guerre des Balkans, K.O. debout, dans mes bras costauds tu t’écroules. Il y a des caresses en stock. Petit koala tout doux, cou de cacao, douceur cachemire et couleur kaolin... Des rafales de sourires avec la kalashnikov à câlins. J’imprime une kyrielle d’instantanés Kodak dans mon cortex, des instants tannés pour ma collection privée.
Tes yeux picotent et, fatalement, après lui avoir fait des kilos de kiss Eskimo, tu piques du nez.
Assis là, je te serre fort contre mon coeur.

Où vas-tu quand tu dors? à Stockholm, à Kampala, à Tokyo ou au Kenya? Tout en haut du Kilimandjaro? Vas-tu goûter des loukoums, un café moka ou la vodka de Moscou? Sans modération, l’ivresse de l’enfance... Qu’entends-tu quand tu dors? Un air de polka à Gdansk, un rock couillu qui crache ou le folklore pékinois? Un crapaud croate qui coasse, un boa oisif qui raconte le Tao à Mao ou une palanquée de casoars s’accrochant sur la Kabbale?
Assis-là, j’écoute ton souffle lent contre mon coeur.

Je voudrai t’écrire tout ça, avec une jolie allitération en K. La pointe plantée là, comme un clou nickel et chrome, dans la planche de teck calée sous le cul du Fakir Sikh que la douleur n’atteint pas. Si l’on voulait faire grand cas de la taille, un K ne pourrait croitre qu’en ouvrant ses bras. Ouvrir ses yeux, ouvrir ses oreilles, ouvrir son coeur...
Qu’il est beau ce K fiché aussi dans ton nom de famille. Tu n’auras pas ses dix points au Scrabble car ce n’est pas un nom commun, encore moins un nom facile! On pourrait discuter longtemps le statut du Y, mais je te le dis direct, avec la fierté paternelle: c’est une consonne à la porte des voyelles. Si bien qu’elles sont toutes présentes, là, chez toi, parsemées dans ton identité. Et quand forcément on te fera épeler, tous leurs sons danseront dans ta bouche et se rappelleront à toi pour de jolis mélanges sur ta palette sonore. Des I de rires pas rikiki, des U d’hurluberlu, des E chaleureux, et des O et des A de joie, à chapeau ou à tréma, pour chanter Hallélujah! Et rendre heureux ton papa.
Assis là, je rêve ton avenir dans mon coeur.

Un kaléidoscope d’idées pour toi, mais tu feras ce qu’il te plaira. Comme à chaque fois...
Mon rôle à moi: ouvrir tes bras à la liberté, tes yeux à ce qui est beau, tes oreilles à ce qui est doux et ton coeur à ce qui est vrai. Je t’aime.

Bonjour et merci à vous deux ! J'ai hâte d'être à demain pour lire les œuvres de vos consœurs d'écriture !

Bonjour tout le monde,
Mon téléphone est sorti de sa casserole (tout est prétexte à faire travailler l'imaginaire, je vous laisse donc chercher le sens de cette phrase ! ), vous pouvez donc me téléphoner au besoin. On dirait qu'il y a des pannes, par ici...

Bonjour à tous,
... presque dans les temps ! J'avais mis le minuteur, pour bien respecter la consigne. Vous me connaissez, je n'en ai jamais assez pour terminer !
Voici donc mon texte, bien maigre production...

« Fritz n’en pouvait plus de la voir frimer devant sa friteuse.
Sa frimousse friponne, ses fripes friquées,
sa tignasse en friche, son allure fracassée
Le faisait frissonner.

N’empêche, une vraie fripouille !
Et frigide avec ça.
Qu’était-il allé fricoté avec Frida la frivole ?

Elle était connue pour ça !
Il fallait en finir avec ces embrouilles
Ne plus s’acoquiner avec des cagoles

Il en avait assez de tous ses chichi
Lui, tout ce qu’il voulait c’était son frichti
Pas envie de ravioles,
Mais une sole, de la scarole,
Et des frites ! »

Alizée sentit sa main effleurer son bras et s’arrêta. Elle leva les yeux et vit son visage reposé, son sourire à peine dessiné, son regard apaisé. Elle savait qu’il avait apprécié ce moment partagé. « Tu veux du thé ? » dit-elle d’un ton léger. Sans attendre Alizée déploya sa silhouette distinguée et traversa le salon, jusqu’à la cheminée. Elle semblait effleurer le plancher.
"C’est ma fée" pensa-t-il en la regardant attraper le plateau déposé par André.

Merci Marie-Laure ! Mieux vaut tard que jamais !
Où est le reste de la troupe ?

Bonjour tout le monde,
Je vous invite maintenant à lire et commenter les textes, simplement en donnant un avis de lecteur, comme nous le faisons en atelier en présentiel.
Mes commentaires viendront après les vôtres, en fin de semaine.
Bonne lecture et belle journée, à bientôt !
Patricia

Oh Bourse d’Ours ! Je suis abasourdi !! Cet arsouille assoupi m’a blousé !
Je le retrouve en rentrant des courses à courir dans la broussaille ; sans discourir, je lui demande avec courtoisie, s’il cueille le pamplemousse ou chasse le pastoureau ? Cet esbroufeur souffle dans sa moustache qu’il est à présent coursier et qu’il s’en va livrer du couscous. Quoiqu’un peu abasourdi, je cherche à assouvir ma curiosité et courageusement j’ouvre grand mes esgourdes pour engouffrer son époustouflant et outrancier discours.
Ce sous-officier embourgeoisé, plutôt casse-cou, me narre alors une croustillante histoire bien cousue et enthousiasmante : Sa bourgeoise, une aigre-douce, en avait assez de souiller sa blouse comme un bougnat et souhaitait devenir plutôt bouquiniste que faire bouillir la boustifaille. La bougresse ne voulait plus bousiller sa jeunesse à nourrir des bouseux dans la cambrousse. Casse-croute, cassoulet et citrouille émoussaient son courage et elle voulait maintenant s’émoustiller à lire jusqu’à l’essoufflement. Cette jolie frimousse, cessa donc ses foutaises, et contacta un fournisseur. Elle serait journaliste, nouvelliste ou bouquiniste mais sans aucun doute jusqu’au-boutiste !
Mais cette prouesse ne pouvait se pousser qu’avec des sous ! Cette risque-tout, sans un soupçon d’hésitation, soumis son projet à son soupirant pour qu’il se retrousse les manches et les sourcils et qu’il courtise des cousus d’or pas froussards qui tout doucement lui avancèrent l’argent.
N’écoutant que son époustouflant courage, sans s’essouffler, il devint donc coursier en couscous, pour devenir le nourricier de sa fougueuse et la garder ainsi amoureusement soumise. La bougresse enthousiaste lui en était fougueusement reconnaissante et le remboursait en secousses.
Souhaitant apporter mon soutien, et ne pouvant rebrousser chemin, j’acquis donc couscous et semoule, tout ça semblait bien savoureux. C’est alors que sans un sourire, ce sournois me fit signer une souscription qui me soutirerait le paiement d’un couscous par semaine ; je venais de me faire soulager d’une foutue douloureuse ! Tel un nourrisson., je l’avais sous-estimé !!
Poursuivant sa course, il m’abandonna rougissant et rouspétant, tel un souriceau dans sa souricière.
On est toujours trop souple avec les arsouilles et pas assez soupçonneux avec les assoupis !!

Mary, quel titre !

Aller aller, à vos commentaires... un petit effort voyons !

Je m'y étais attelée, trop lente. La machine a tout effacé J'espère que tout y est.

Eliane :
Une bien belle histoire, tout en subtilité. je le vois comme un portrait sociologique criant d’actualité, sans jugement ni ressentiment. J’aime la métaphore des tablettes de chocolats ! Dès le début on le personnage se dessine, cette vielle dame résolue mais pas têtue, sensible mais pas sotte, qui a su s’adapter au monde moderne et sait où elle va. J’aime la progression du texte : la situation au présent qui fait resurgir le passé, sans mièvrerie, et permet de rebondir vers l’avenir, avec optimisme. Une jolie leçon de vie.

Jérôme :
ton texte m‘a émue aux larmes. J’en ai eu le souffle coupé, la tête chamboulée, l’âmee renversée. A chaque lecture. Je n’ai pas de mots. je lisais hier cette citation
« les mots servent à toucher les âmes
quand les mains ne peuvent toucher les corps,
et j’en connaissent qui sont
de véritables caresses »
Et tois tu sais faire ça.

Mary :
Avec toi j’ai retrouvé le sourire ! C’est jubilatoire de te lire. Ta verve et ta gouaille sont une fontaine de jouvence. Le rythme que tu imprimes avec les consonnes et les sons en « bou »qui rebondissent de l’un à l’autre, les mots qui expriment le mouvement « s’émoustiller de lire jusqu’à l’essoufflement », le vocabulaire volontairement populaire, tout cela donne une vitalité réjouissante à ton récit. Les personnages, hauts en couleur, je les vois bien. Jusqu’à la chute, j’ai ri !

Bon effectivement, par écrit, le commentaire n’est pas une pratique aisée.  Pour ce faire, je vais essayer de déterminer des critères ?  le premier est bien sur la proposition à savoir « jouer avec les sonorités et écrire un texte dans lequel un ou deux sons vont se répéter, encore et encore » et puis aussi l’histoire, son développement et l’émotion qu’elle suscite, enfin comme d’hab quoi.
Je ne savais pas (techniquement) comment entrer mon commentaire sous chaque production, du coup, je vais copier Marie Laure et commenter pour chaque écrivant dans l’ordre d’apparition

Eliane :

Très beau texte, très touchant, d’une triste et actuelle réalité, même si l’histoire se déroule il y a un bon moment, car j’imagine que ça fait bien longtemps que la terre ne sonne plus clair à Nanterre. Super développement, on voit bien comment se sont déroulées les choses, pour en finir à la signature. Quel réalisme !
Pour la proposition sur les sonorités, c’est rigolo car je les trouve très présentes au début du texte et à la fin, et par contre, moins sur la partie médiane, lors des souvenirs avec son père. Cette partie, peut-être plus intime, semble avoir été plus difficile à mettre en forme avec assonances et allitérations.  Mais peut-être  que ça n’a rien à voir. Tu nous diras. En tout cas, bravo !

Jérôme :
Bluffée une fois de plus ! Ça répond complètement à la proposition avec en prime, l’originalité, la poésie, le jeu avec les mots, le développement du texte, et l’émotion, on en parle même pas, on finit sur un « Je t’aime », ouah !! Du grand Jérôme !!
Tes expressions, toujours très visuelles, des images qui parlent comme  « Des rafales de sourires avec la kalachnikov à câlins », ça c’est vraiment top ! Enfin, bon je suis entièrement d’accord avec Marie-Laure, absolument bouleversant ! J’suis fan !!

Marie Laure :
Alors là, pour moi, c’est tout sauf une maigre production. Le respect de la proposition, parfait ! ça claque bien, c’est super rythmé. Le fin du fin c’est un texte dans un texte, alors là chapeau, c’est vraiment original. Et bien que l’histoire soit totalement différente du poème, on y retrouve quand même assonances et allitérations.  Le poème est drôle mais pas que, les expressions, les mots employés (cagoles, fricoté, fripes friquées,) sont drôles mais ce n’est pas si marrant pour Fritz, très bien rendu.
Franchement je trouve le fond et la forme super, vraiment une production de qualité !

Dommage que les écrits de nos autres co-écrivantes, ne soient pas encore en ligne ; j’espère qu’on aura le temps de les lire et de les commenter d’ici la fin du week-end.
Bises à toutes et tous

Merci Marie-Laure et Mary pour vos commentaires ! Eliane, Jérôme, avez-vous un peu de temps pour mettre un petit mot sur le texte des consœurs d'écriture ?

Sur le texte d'Eliane :
Félicitations Eliane ! On note, au début, un jeu entre phrases longues et phrases courtes, entre quelques sonorités qui se répondent, le tout donnant un rythme original ; et l’on sent que ce rythme change au fur et à mesure que l’on entre dans l’histoire... Prenons un extrait : « Le ventre de la terre ne sonne plus clair à Nanterre. La faute à la vie moderne. La vieille Bertrande est en émoi. Elle ne peut plus entendre le pas inouï de son Comtois chéri dans les vertes parcelles autour de la ferme. Le béton et le verre ont recouvert son univers. Elle n’a plus le choix, elle doit quitter son toit. » et comparons-le avec un autre : « Une maison de retraite peut l’accueillir dans le cadre d’un échange avantageux. Pour elle, bien sûr, car derrière ses murs de béton et de verre  il y a beaucoup à faire pour les personnes de la terre. Par exemple, une serre au potager partagé, des fleurs à cultiver, des légumes à préparer ou à distribuer et des écoliers qui viennent chanter. Même des animateurs gentils pour les mots croisés et des bénévoles pour les petits soucis !
Juste une signature à donner et le tour est joué… »
La différence de rythme est bien perceptible, surtout lorsque le texte est lu à voix haute (technique du gueuloir de Flaubert !). La question du rythme dans le texte est intéressante et, autant le préciser tout de suite, il n’y a pas d’obligation à tenir le même rythme tout au long du texte ; le rythme doit, au contraire, servir le sens, et, donc, s’adapter, comme on le voit ici.
Très belle histoire, beau tableau d’un bout de vie, d’un bout de femme que l’on devine, enfant, à travers son souvenir, puis âgée, devant quitter son lieu, seule face aux promoteurs, à la mairie... Tout cela sonne bien réel, nombreuses sont les « personnes de la terre » (quelle jolie appellation !) qui doivent quitter leurs bois, leurs près, l’âge venant, pour le « confort » d’une maison de retraire... Et le lecteur ne peut que s’imaginer à la place de celle qui, en fin de vie, voit ce qui a fait sa vie être détruit ; bon travail d’écriture, le lecteur s’identifie, tout est parfaitement clair, cohérent... la dernière phrase, en suspens, laisse le lecteur imaginer la suite... bravo, c'est bien vu ! Merci Éliane pour ce bon moment de lecture et ce bon travail d'écriture !

Sur le texte de Jérôme
Ouf ! Hé bien, que d’émotions ! Bravo Jérôme... et bravo au petit apprenti, source d’inspiration !
Le texte est adressé, l’utilisation de la deuxième personne du singulier est très efficace, permettant ici au lecteur de s’identifier à la fois à celui qui reçoit et à celui qui parle – la présence du « tu » suppose celle du « je ».
La première partie nous entraîne dans l’univers enfantin, jeu et rêves : kangourou karatéka koala, l’enfant qui joue et chahute jusqu’à tomber de sommeil, tout est parfaitement décrit, avec des mots simples et justes, le lecteur ne peut que suivre. Et, en fin de paragraphe, le « je », d’un bel effet, repris aux paragraphes suivants avec des variances (« fort contre mon cœur […] lent contre mon cœur […] ton avenir dans mon cœur ») ; très bonne structure !
La deuxième partie du texte s’attache aux lettres, à la lettre K bien sûr mais également aux voyelles – nous qui connaissons la proposition d’écriture et le fils de l’auteur, nous savons de quoi il s’agit, pourquoi la lettre K et pas d’autres (proposition d’écriture et hasard), pourquoi les voyelles (contenues, sauf le Y, dans le prénom et le nom du petit kangourou) ; mais un lecteur lambda pourrait ne pas comprendre, il serait donc nécessaire de retravailler en cas de diffusion hors atelier. Ces réflexions concernant les lettres et l’identité sont intéressantes, lier certains mots aux voyelles n’est pas sans rappeler « Voyelles » de Rimbaud.
On note également des jeux de mots : « instants tannés » ou encore « nickel et chrome » ; c'est amusant !
Attention à « après lui avoir fait » – à quoi se rapporte « lui » ? Il semble là y avoir une petite incohérence...
Ce qui n'enlève rien au fait que ce texte soit magnifique et la fin très touchante...
As-tu réalisé au préalable un réservoir de mots, pour réussir à utiliser autant de mots avec le K ?
Bravo Jérôme et merci pour ce très beau texte... le petit kangourou peut être fier de son papa !

Sur le texte de Marie-Laure
Oh zut alors, le lecteur se retrouve planté là, attendant la suite... Maudit minuteur !
Nous avons donc deux textes en un, ce qui laisse à penser que le premier texte est écrit par le personnage d’Alizée, interrompu dans son écriture. Ce peut être aussi un texte que lit le personnage, mais mes commentaires vont partir du postulat que ce texte est écrit par le personnage (à l’auteure de nous éclairer sur ce point, au besoin !). Cette technique est intéressante : le lecteur découvre, à l’image des poupées russes, une histoire dans l’histoire... Reste à savoir la place de la première histoire dans l’histoire... (mais ce sera pour une autre fois car un minuteur a interrompu l’auteure  !).
Les allitérations et assonances foisonnent dans la première partie (le texte écrit), sont moins visibles dans la deuxième partie, ce qui est ici très pertinent et sert à opérer une distinction entre le texte rapporté (Fritz […] frites) et l’histoire elle-même ; bravo !
Les ambiances sont également très différentes, montrant ainsi la distance entre le travail de l’écrivain (le personnage Alizée) et son univers quotidien ; un texte plein de gouaille, de Fritz et de friteuse, et un salon où l’on boit du thé devant la cheminée... Cela donne même l’idée de deux mondes inverses (et peut-être complémentaires, pour le personnage Alizée), comme en miroir.
À noter, dans le dernier paragraphe, la répétition, pas forcément utile (mais pourquoi pas) du mot « effleurer ».
Merci Marie-Laure pour ce tableau, ces ambiances, et... cette frustration de lecteur !! On attend la suite de cet intéressant travail d’écriture !

Sur le texte de Mary
Merci pour ce texte très drôle !! La proposition d'écriture est parfaitement respectée et l'on voit donc ce que donne, à l'excès, l'utilisation des allitérations et assonances : quel rythme ! Les adjectifs qualificatifs et les énumérations (« casse-croûte, cassoulet et citrouille […] journaliste, nouvelliste ou bouquiniste ») participent à la vivacité du texte, à cette sorte de rythme effréné qui, d'ailleurs, sied parfaitement à l'histoire, surprenante et bondissante (autrement dit et pour tomber dans le cliché littéraire, « pleine de surprises et de rebondissements »  )
L'humour est présent à différents niveaux : le sens de l'histoire, bien entendu, et les péripéties de l'arsouille assoupi et du narrateur (narratrice ?), mais également le vocabulaire utilisé et, justement, les répétitions de sonorités qui forment des associations de mots amusantes : « Cet arsouille assoupi m’a blousé » est savoureux, le reste est à l'avenant, bravo !
On note également une très bonne construction, tous les éléments du texte se tenant parfaitement. Le déroulé expliquant la situation initiale et son dénouement est parfaitement compréhensible, le lecteur n'est absolument par perdu malgré les rebondissements ; au contraire, il est porté...
La fin du texte reprend les éléments du début, on ne perd pas le fil ; bon travail ! La dernière phrase est une sorte de conclusion, de morale, que le choix du vocabulaire rend drôle ; le mot « arsouille », en lui-même, est amusant ! Quant à la première phrase, vous avons là une entrée dans le texte dynamique et efficace ! Bref, du début à la fin, on se laisse porter par l'histoire et le rire ! Félicitations Mary et merci pour ce bon moment !

Félicitations à vous pour votre participation, quelle richesse, quelle diversité !
Quand même, tout ce que l'on peut faire avec quelques petits sons répétés... c'est bluffant, non ?
Merci encore et à mardi pour de nouvelles aventures !

Bonjour tout le monde !

Ayant vécu pas mal de changements ces dernières semaines, j'ai quelque peu, pris du retard dans l'écriture. Voici donc mon texte, et demain, je vous livre mes commentaires sur vos créations. Au final, un résultat assez court, concis, mais qui j'espère plaira.
Bonne lecture !

C’est la dernière fois que je porte l’uniforme. La toile crisse au rythme des pas qui sur les cailloux glissent. J’ai peur de le retirer, peur de me dénuder, car après rien ne sera aussi grandiose. Ou peut-être que j’idéalise un peu trop la chose.
L’orage gronde sur les murs craie de l’usine. Et moi, je pars, j’ai fait le trait sur cet univers, ce quotidien, ou bien m’y a-t-on contraint ? Le lourd tissu gratte un peu, en particulier au creux du cou. Les premières fois, j’ai eu des irritations. On s’habitue. L’odeur aussi est lourde, caractéristique, prenant à la gorge. Comme un astronaute, je quitte les lieux, avec en main le casque que l’on m’a prêté. Tout contre mon cœur, il tressaute en cadence de la marche.
Des cheminées sortent de longs fumets bruns, inquiétants pour qui ne connaît pas leur dessein, encore plus traumatisant pour qui sait leur mission. C’est pour cette raison, que je porte en plus du casque, un masque, qu’ils nomment d’évacuation, de fuite. Aujourd’hui, je crois la prendre.
Le ciel est gris, les nuages se groupant en rangs serrés. Il va certainement pleuvoir, histoire de joindre un peu de liquide à celui de mes larmes.

Merci. Et hâte de vous retrouver mardi !

Bonjour à tous !Je ne trouve pas de mots assez forts pour vous dire mon admiration accompagnée de respect pour les véritables écrivains que vous êtes !
L'humour, l'inventivité et le bonheur d'écrire vous habitent Bravo pour ces textes !
Je ne continuerai pas à vous voir le mardi soir. Je ne cherchais pas, en me joignant à vous, avec la permission de Patricia, un certain mardi récent , à participer à des "joutes littéraires" !
Je n'en suis pas capable !
Je vous laisse . Je suis désolée Patricia et te remercie de ton accueil chaleureux. Vous, tous et toutes, continuez à partager toutes les idées plaisantes de Patricia
mes amitiés
michèlef

Et c'est parti pour les commentaires (oui, oui J-2, ça passe encore n'est-il pas ?) !

Eliane : Un texte tout en poésie, en nostalgie avec le sentiment que quelque soit ce que nous faisons, nous ne pouvons lutter contre le destin, celui d'avancer, plus vite et plus loin jusqu'à vieillir. Merci pour ce beau remue-ménage d'émotions.
J'ai tout particulièrement apprécié la liaison des mots entre eux, leur fluidité.

Jérôme : Un beau message d'amour, que je n'avais pas vu venir au vu de la sonorité choisie, plutôt sèche. Au final, un bel essai, un rythme sautillant et décadent. Ton texte s'apprécie d'autant plus lorsqu'il est entonné à voix haute. Beau spectacle !

Marie-Laure : Oh oui ! Ça me plaît particulièrement, le jeu étroit entre les vers et la prose. Les rimes, le rythme, c'est punchy et ça nous embarque comme une comptine. Le lien avec le dernier paragraphe m'a cependant paru un peu abrupt, mais je l'ai apprécié tout autant, mais indépendamment.

Mary : Ta création m'a fait sourire bien des fois, du fait du vocabulaire, de sa sonorité, du rythme engagé. Et pouf ! Ça s’arrête et on est sur sa faim. Une belle façon de redonner le sourire !
On imagine le narrateur pesté contre la situation, et cela renforce l'immersion.


Michèle : Je me sens obligée de te répondre. De joutes littéraires, ces cours n'en sont pas vraiment, et écrire doit rester un plaisir, voir une passion. Aussi, nous sommes un groupe et c'est grâce à cette dynamique, ce contact, que nous pouvons créé, développé des concepts et surtout se lancer. Comme dirait Patricia, on est pas là pour faire des exercices mais plutôt pour se faire plaisir. Comme des étirements en soi, pour se faire du bien et partager.
Alors, Michèle lâche-toi Nous sommes un groupe (que j'ai rejoint il y a peu). Pas de compétition mais de bons moments autour d'écrits, de rires et de sucré !
Peut-être à bientôt !

Bonjour Andréa,
Merci pour ton texte, que je n'ai malheureusement plus le temps de commenter ici mais nous pourrons en parler mardi. Merci également pour tes commentaires ; il n'y a pas de dates limite pour ceux-ci, donc... on attend ceux des autres ! Et merci encore pour ton petit mot destiné à Michèle !
A mardi pour de nouvelles aventures littéraires !

Bonjour à tous!
A J- 1 il serait temps ! Désolée mais la période du 16 au 24/04 a été très chargée pour moi...Néanmoins j'ai lu tous vos textes avec énormément de plaisir et le 1er commentaire qui me vient à l'esprit, c'est que même sous anonymat on peut reconnaître le style de chacun qui s'affirme de plus en plus!
Mary et ta verve, cette gouaille que tu manies si bien rend les textes très drôles, ça claque dans tous les sens et tu as fait une bouchée de la "contrainte"...
Jérôme, ton ingéniosité à manier sonorités consonnes et voyelles est ébouriffante et la profondeur de l'émotion que tu envoies est remarquable.
Marie-Laure, pour moi tu as une écriture pour le théâtre : à chaque proposition, quand je te lis ou je t'entends, je vois le tableau, les personnages sur la scène et le décor super bien planté, ici une comédie sensible!
Andréa : j'ai fait une lecture "à 2 étages" de ta production, connaissant sommairement ta situation professionnelle, j'ai été bouleversée par une sorte de désarroi lié à la fin, au départ , à l'abandon, au renoncement? et en même temps, un soulagement, une forme de légèreté par ce vêtement qui gratte, ce casque qu'on ôte etc...des sonorités qui servent une sortie pesante mais bienvenue peut-être?
Michèle : tu prends "le train en marche"...nous aimerions que tu restes dans le wagon! c'est difficile pour toi maintenant comme pour nous au tout début; nous avons appris à nous connaître ce qui aide à maîtriser ses peurs et ses inhibitions....
Merci à tous et à demain!
éliane